JB Bullet Du coeur au stylo 2016

JB Bullet album Du coeur au stylo 2016Au lendemain des attentats du 7 janvier 2015, JB Bullet a mis des mots sur les maux des français. Sa vidéo « #JeSuisCharlie » (sur l’air d’« Hexagone » de Renaud) devient virale, et totalise près de 30 millions de vues, tous supports confondus. Le jeune chanteur homme ne l’est pas encore tout à fait justement, chanteur. Mais il se retrouve propulsé sur les plateaux télé de « C à vous » au prime spécial « Je suis Charlie » diffusé sur France 2 ; on l’évoque aussi à la radio, dans la presse, sur le Web, partout. JB Bullet n’a que 25 ans et prépare un diplôme supérieur de notariat, tout en songeant à des désirs d’artiste. Seulement comment enchaîner après un tel buzz émanant d’événements tragiques ? Comment ne pas être taxé d’opportuniste ? Sa première réponse aux détracteurs sera de ne pas succomber aux sirènes des majors qui souhaitaient signer la chanson, mais aussi de ne pas l’utiliser à des fins commerciales sur les sites de téléchargement et de streaming. Puis, JB Bullet va disparaître des radars. Un peu plus d’un an. Il va prendre son temps, tourner avec ses propres chansons, et envisager son album sur un circuit indépendant.

Son disque, il le veut live. Cinq semaines d’enregistrements conclues par un sprint final de quatorze nuits blanches à la suite, une installation complète du studio de l’ingé-son chez lui pour pouvoir travailler sans perdre de temps, et un relais permanent de toute son équipe parmi laquelle Anaïs Belmonte à la batterie, Mohamed Benhamed à la basse, Thomas Cogny à la guitare, mêlés aux chœurs de Bertrand Thalamas et de Roocky, et aux claviers enregistrés par Benoît Crabos (du Trottoir d’en Face). Notre travail confère à cet album cette couleur unique dont je suis si content : il sonne « live », en mettant en avant les instruments « réels », construit de manière simple, sans prétention ni surproduction. Merci encore Johann pour ton travail écrit JB sur son site officiel.

Le disque aux sonorités folk et pop/rock électro (disponible sur ce lien), se déroule comme une histoire. Il débute évidemment sur « #FranceSolidaire » (qui ferait un excellent single), le parfait follow-up du buzz suscité par « #JeSuisCharlie ». L’auteur slamme sur une instru pesante et en même temps pleine d’espérance, surfant sur le même thème – une note d’optimisme en plus. Passé le dispensable « Où va-t-on ? » sur notre société capitaliste (même si le morceau bénéficie d’une forte mélodie), JB Bullet rentre les griffes et se dénude enfin.

Je suis JB Bullet

Qui est-il vraiment ? Qui se cache derrière l’image vénère et figée de « #JeSuisCharlie » ? Le jeune homme défronce les sourcils et tombe le masque, abordant des sujets plus personnels. L’énigmatique « Aurore » et surtout « La tarte aux abricots » ou la ballade « Aloïs » dévoilent sa sensibilité ; ces deux dernières contant respectivement les souvenirs de la douceur de son enfance et de sa grand-mère disparue deux semaines après les attentats visant « Charlie Hebdo », à l’âge de 93 ans (raconte-moi encore…) ; et la maladie d’Alzheimer qui emportera sa grande tante (je me souviens de son prénom, ce bel allemand emportant ma raison, prend ma mémoire pour sa maison). « Libre » (dont l’intro rappelle étonnamment les notes du couplet de « Je ris, je pleure » des Charts — la première formation de Calogero, sorti l’année de naissance de JB Bullet) finit de nous confirmer que le jeune tarbais est artiste, rêvant d’évasion.

« I’m alone » — son « Walk On The Wild Side » à lui, retient aussi particulièrement l’attention parce que l’intention est brute et sincère. Ça sent bon la chaleur des terres d’Amérique du Sud portées par un solo de guitare bien country ; tout comme le pop/rock « Don’t Stay » quelque peu Metronomyen dans les envolées. Puis, « L’oiseau » le premier extrait du disque, à l’entêtante rythmique, a tout de la chanson de marins. De celle qu’on entonne en canon, au sens propre comme au figuré.

Enfin, « Du cœur au stylo », qui porte le titre de l’album résume parfaitement cette relation si particulière qu’un jeune tarbais de 26 ans a tissé avec un public au cœur meurtri par ce que venait de vivre son pays. Une belle leçon humaine.

Thierry Cadet

Crédit photos : Manuel Tondon

jbbullet.com

facebook.com/jbbulletmusic