Klô’s your eyes, je me suis refait le concert toute la nuit. J’ai adoré. Premièrement j’ai adoré la formule : violon alto, un soprano, un cello, une contrebasse, un piano et une batterie (elle prenait une guitare de temps en temps). Bon, déjà, elle pose les mains sur le piano, on comprend que Mozart et Bach sont passés dans ses doigts. A priori, quand on pense à cette formule, on ne s’attend pas à ce que ça groove. Et pourtant, si. Faire groover des cordes… Déjà d’une, il faut sacrément maitriser les instruments et avoir de bons arrangeurs, merci pour nos oreilles. On a eu les deux. Mortel. Vraiment, pas une fausse note, pas une faute de goût. Les arrangements, merde, c’était de la bombe atomique. Ça passait de mesure paire en mesure impaire, de binaire en ternaire, avec tellement de nuances, que mon cœur d’amoureuse de la musique est tombé en amour avec eux tous. Oui, tous, parce qu’ils jouaient ensemble, et ils avaient l’air heureux, non, pardon, ils étaient heureux, tu ne peux pas faker un moment pareil. D’ailleurs à la fin du concert, la québécoise Klô Pelgag est venue jouer un morceau toute seule en rappel, toute seule à la guitare d’abord, puis la contrebasse et quelques cymbales l’ont rejointe. Mais, les autres instrumentistes étaient là, assises par terre avec elle, à kiffer le joli moment. Alors certes, elle n’est pas guitariste, mais à ce moment là, c’est la voix qui était l’instrument – et faisait monter les larmes. Que c’était beau de voir ses musiciennes aimer l’écouter… Mais quel sacré boulot derrière ! Ne pas s’en rendre compte reviendrait à comparer l’Opéra Garnier à une maison Pierre.

Quant à ce qu’elle raconte… c’est comme si elle chantait dans une autre langue. Comme si j’avais écouté une Noa qui chante en hébreu, une Susheela Raman en hindi, une Youn Sun Nah en coréen, une Kate Bush ou une Sia dans la musicalité ; on s’en fout. Ce qu’elle exprime c’est de la musique, et ça pour moi c’est universel. Avec des mélodies tellement fines et intelligentes, une voix et des arrangements vocaux tellement beaux, que je comprends tout ce qu’elle a voulu dire. Pour moi ça suffit, c’est comme quand tu écoutes un solo de violon ou de clarinette… tu ne te poses pas la question de savoir ce que ça dit. Klô Pelgag c’est un gros f**** à l’industrie musicale qui te rabâche sans cesse qu’il faut une mélodie simplissime à retenir… Là c’est fouillé, c’est tordu, c’est complexe… et c’est un Café de la Danse sold-out. Ça parle directement à ton âme. Basta, le sujet est Klô. Si tu essaies de comprendre, c’est que t’as rien compris.

De temps en temps, tu t’accroches à des j’ai regardé la vie des autres mais à l’envers (« Les corbeaux »), mon corps est mon corps (« Le tunnel »), je suis infirme (« Le tronc »), ou d’autres phrases que je retiendrai la prochaine fois. Elles me vont très bien, elles me font dire que je la suis. Oui, parce que tu es embarqué – si tu te laisses embarquer, dans une espèce de liberté sonore maitrisée.

Bon, voilà, ça m’a touché en plein cœur. C’était magnifique. Je pourrais en parler pendant des heures. Je pourrais aussi dire ce que je n’ai pas aimé, mais je n’ai pas envie de voir ce qui n’était pas bien, car c’est trop rare pour moi de sortir d’un concert en ayant l’impression de ne pas avoir été escroquée, et là je n’ai pas été escroquée, je suis allée voir une chanteuse, et des musiciens. Et pour une fois, c’était ma définition d’une chanteuse, et de musiciens.

mAm’Zelle Bip et Gaëlle Vignaux

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