J’avais le trac. Ces minutes entre la première partie et la seconde me parurent interminables. J’avais tellement envie de l’entendre, que j’avais peur que ça ne me plaise pas, comme après le fix de la première fois.

Bref.

Les lumières s’éteignent, et les yeux rouges et sonores de ce qu’on imagine être une fausse grenouille s’allument et s’avancent sur le piano. Bienvenue en Pelgagie.

Voilà, c’est ça. Un voyage Klô Pelgag. J’y suis. Attention au décollage. Les cordes : un violon, un alto et un cello te préparent. Klô entre en scène comme la commandante folle d’une croisière déjantée.

Et les musiciens jouent. Ils jouent ensemble. Ils sont heureux. Moi aussi. Et paf, je suis transportée dans un pays dont je connais le son, et qui me transperce directement après quelques mesures.
Il pourrait y avoir le feu dans la salle, je m’en fous complètement. Je vole au dessus du Café de la Danse, sur un petit coussin en forme de nuage.

Je bénie le ciel d’avoir des oreilles, et de pouvoir m’en servir.

A plusieurs moments dans ce spectacle j’aurais voulu me lever et hurler : merciiiiiiiiiiiii putain, c’est trop bon ! « J’ai attendu trois jours sur le bord d’un fossé à manger des flocons de tempête », pour la phrase « Il n’y aura pas d’otages cette fois, c’est la fin de ce tout ce qui ne finissait pas, tout ce qui fait du bien me fait du mal, je ne veux plus de ton amour, mais je veux te toucher tous les jours », qui vient me secouer le ❤ dans « Le sexe des étoiles », pour la mise en place musicale tellement jouissive sur « Comme des rames », ou pour cette facilité avec laquelle mes larmes montent dans ce final vocal de « Tunnel », auquel une nouvelle nuance rythmique est venue m’entourer d’amour et de chaleur. La voix de Klô Pelgag est envoûtante, et ce qu’elle réalise vocalement est unique. Passer d’un « Samedi soir à la violence » à un « Ferrofluides-fleurs » avec cette aisance est déconcertant. Les arrangements, bien que retouchés avec brio pour la scène restent fidèles aux albums, et c’est un vrai plaisir pour celui qui les aime.

Bien qu’elle nous perde un peu en parlote inutile entre les morceaux, Klô et ses musiciens forment une équipe indissociable et heureuse, qui joue ensemble, pour le plaisir de transporter les autres.

Sur moi, ça marche très fort, et j’aurais voulu travailler chez « Télérama », rien que pour pouvoir le hurler au public français.

Le concert s’arrête à 22h27, on lui fait signe depuis la régie. Oui. Dur retour à la réalité. Frustrant. Le Café de la Danse se met en sourdine à 22h30. Les voisins sans doute, qui habitent au centre de Paris mais qui ne veulent pas en assumer les conséquences. Il fallait les inviter les grincheux qui vivent à côté de salles, dans lesquelles ils ne se doutent pas qu’à deux pas de chez eux, on peut partir très loin. Ensemble.

mAm’Zelle Bip

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